Il y a différentes manières de développer un projet complexe. Adopter la bonne posture dans un projet, c’est s’assurer de la cohérence des ressources humaines et matérielles qui sont mobilisées pour la réussite du projet ainsi que de la pertinence des efforts qui sont réalisés.
Dans notre représentation en 4 zones (ci-dessus), chaque posture répond à un objectif (ex., Créer des barrières à l’entrée) qui va conditionner son développement.
Le LEADER est la posture principale des projets à faible radicalité, c’est à dire où l’on maîtrise aussi bien les solutions produits ou technologie que le marché cible. Le LEADER, comme son nom l’indique, cherche à le rester. Ainsi, un projet dans cette posture doit se focaliser sur la création de barrières (avantages) technologiques et/ou juridiques pour rester compétitif.
Le CONQUERANT maîtrise son marché et a identifié que les besoins des utilisateurs ne sont plus aujourd’hui assurés par les solutions existantes sur le marché. Fort de ce constat du terrain, un projet CONQUERANT va nécessiter un important travail de traduction des nouveaux besoins fonctionnels du marché en solutions, fonctionnalités pour un futur produit à paraitre.
Le CHALLENGER est la posture la moins évidente à aborder puisqu’elle implique de s’aventurer dans un marché potentiellement inconnu. Qui dit inconnu, dit que le marché en question est potentiellement déjà “verrouillé” par des acteurs qui sont eux des leaders et donc ont une longueur d’avance sur les prix et les services proposés. C’est pourquoi un projet CHALLENGER devra insister sur la compréhension de l’écosystème du marché ciblé et des chaînes de valeurs qui sont déjà en place pour produire les solutions existantes sur ce-dit marché.
Le PIONNIER est focalisé sur le long terme, avec la certitude que de nouveaux mouvements de marché et/ou ruptures technologiques ou sociétales vont venir bouleverser certains marchés. Avec la volonté d’être en avance de phase sur ces évolutions, un projet PIONNIER se concentre sur ses travaux de R&D et de prospective pour préparer au mieux des expérimentations à venir qui pourront impliquer de longs temps de maturation technologique.
La posture du projet peut influencer positivement les décisions et les investissements d’un projet en évitant de consacrer trop d’énergie à des tâches inutiles pour l’objectif visé.
Exemple : Une organisation peut intégrer à sa stratégie d’innovation (et son budget) l’objectif d’avoir lancé 50% de projets LEADER, 20% de projets CONQUERANT, 20% de CHALLENGER et 10% de projets pionniers par an.
Pour aller plus loin :
Une posture est un angle choisi pour le choix des personnes et des actions à mener dans un projet qui dépend de la nature du projet pour l’organisation qui le supporte. On parle de “radicalité” d’un projet pour définir à quel point ce dernier est éloigné des pratiques et habitudes de l’organisation et des équipes. Plus un projet emmène une organisation et/ou une équipe vers l’inconnu, plus on le considère comme radical.
Une manière d’exprimer la radicalité d’un projet est d’essayer de le positionner selon deux axes de mesure, matérialisés ici par deux questions :
1- Est-ce que l’adresse un marché qui est déjà connu et maîtrisé (ex par l’équipe/l’entreprise qui innove) ou est-ce qu’il s’agit d’étendre son marché voir d’aborder un marché inconnu ?
2- Est-ce que l’on cherche à valoriser une technologie et/ou un produit existant ou est-ce qu’il est nécessaire de développer une nouvelle solution pour le marché cible.
En résumé, plutôt marché connu ou marché inconnu, plutôt produit existant ou nouveau produit ? La réponse à ces questionnements se représente sur un repère comme suivant :
Cette représentation nous offre une première manière de “classer” les projets selon leur radicalité : projet CORE (faible radicalité), ADJACENT (radicalité partielle), TRANSFORMATIONNEL (forte radicalité) et ainsi d’attribuer un niveau de risque proportionnel.
Cette manière de positionner un projet (sa radicalité) nous révèle ainsi 4 zones (ici en gris) qui vont correspondre à nos postures de projet :